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Jean-Paul Sartre and Benny Levy read Levinas and hear Chouchani’s voice
Benny Levy fut le secrétaire de Jean-Paul Sartre. Militant maoïste de premier plan sous le pseudonyme de Pierre Victor, il dirige dans la France de l’immédiat « après-Mai » (début des années 1970) le parti Gauche prolétarienne. Il découvre ensuite Emmanuel Levinas et le Judaisme qu’il fait aussi decouvrir à Jean-Paul Sartre.
Il entame alors un retour vers le Judaisme par l’étude des textes juifs, il explique cela dans cet entretien radio sur France Culture avec Alain Finkielkraut.
Benny Levy ne prononce pas ici une seule fois le nom Chouchani, mais l’oreille attentive l’entend pourtant dans chacune de ses phrases.
http://www.franceculture.fr/philosophie/benny-levy-chez-levinas-l-hebreu-n-etait-pas-une-religion-fossile-c-etait-une-pensee
“Levinas est celui qui a provoqué mon retour aux textes juifs, et à la vie juive. [...] Quand j’ai lu Levinas, au moment où je m’entretenais avec Sartre, j’ai eu le sentiment qu’il parlait d’ailleurs. Sentiment qui devient de plus en plus obsédant et puis qui s’explicite : il y a un horizon, un horizon propre qui est l’horizon de l’hébreu. C’est d’ailleurs ce qu’a compris Sartre, ce qu’a découvert Sartre avec moi, que l’hébreu ce n’était pas une religion fossile, c’était une pensée. Donc il y a une pensée qui se déploie autrement, qui relève d’un autre horizon.[...]”
“Levinas c’était – à travers toute l’intrigue d’autrui – retourner à la trace de Dieu. Levinas est celui qui a fait qu’il y ait retour du nom de Dieu dans la langue philosophique et tout particulièrement dans la langue française, c’est-à-dire cette langue qui était exceptionnellement rebelle à ce retour, car c’est une langue acéphale, je désigne cette notion importante pour Bataille “couper la tête du roi c’était couper la tête de Dieu”. Donc il y avait quelque-chose de militant dans l’athéisme. [...] Donc c’était un acte incroyable d’audace pour un garçon aussi respectueux qu’était Levinas, un acte incroyable d’audace de permettre que retourne le pharisien dans les lettres françaises.”
“Ce texte là nous brulait”.
Peut-on trouver la trace de Monsieur Chouchani dans ce texte de Levinas ?
Emmanuel Levinas est mort il y a vingt ans, le 25 décembre 1995. On connait son admiration sans limite pour son maître Monsieur Chouchani, “maître prestigieux – et impitoyable” selon ses propres mots. Il répétait à qui voulait bien l’entendre qu’il “n’avait rencontré dans sa vie que deux véritables génies, Heidegger et Chouchani”. Levinas fait également allusion à Chouchani à plusieurs reprises dans ses livres, par exemple dans “Difficile liberté” et dans ses “lectures talmudiques”. Nous vous présentons ici l’extrait d’un de ses livres, “Noms propres”. Jusque-là, on n’avait pas l’habitude de penser que ce texte pouvait faire allusion à Monsieur Chouchani. Mais un professeur de philosophie de l’université de Bar-Ilan, Dr. Hanoch Ben-Pazi, l’affirme : le dernier chapitre du livre parlerait sans le nommer du mystérieux génie. “Noms propres” est un recueil de portraits que Levinas dresse d’écrivains ou de penseurs aussi différents que Derrida, Agnon, Kierkegaard, Proust, ou Martin Buber. Mais le dernier chapitre du livre est intitulé “Sans Nom”. Il y est question de l’effondrement moral de l’humanité pendant la deuxième guerre mondiale et des enseignements à en tirer. Et il est aussi question dans ce chapitre de la condition si particulière du peuple juif. Il est vrai qu’on n’imagine pas Levinas penser au fait juif ni à la morale juive sans garder en arrière-pensée son “maître prestigieux” – un petit homme étrange, sans nom, qui l’a ébloui par ses océans de connaissances, ses capacités dialectiques hors du commun et ses fulgurances de génie. Alors voici un extrait de ce texte en question, peut-on le déchiffrer et y trouver un hommage à Monsieur Chouchani ? aux lecteurs de juger.
“SANS NOM” (chapitre dans le livre d’Emmanuel Levinas “Noms Propres”)
“(…) il nous faut désormais dans l’inévitable reprise de la civilisation et de l’assimilation, enseigner aux générations nouvelles la force nécessaire pour être fort dans l’isolement de tout ce qu’une fragile conscience est alors appelée à contenir. Il nous faut – en rappelant la mémoire de ceux qui, non-juifs et juifs, surent, sans même se connaitre ni se voir, se comporter en plein chaos comme si le monde n’avait pas été désintégré, en rappelant la Résistance des maquis, c’est-à-dire précisément celle qui n’avait d’autre source que ses propres certitudes et son intimité – il faut, à travers de tels souvenirs, ouvrir vers les textes juifs un accès nouveau et restituer à la vie intérieure un nouveau privilège. La vie intérieure, on a presque honte de prononcer, devant tant de réalismes et d’objectivismes, ce mot dérisoire.
La condition juive
Quand les temples sont debout, quand les drapeaux flottent sur les palais et que les magistrats ceignent leur écharpe – les tempêtes sous les crânes ne menacent d’aucun naufrage. Ce ne sont peut-être que les remous que provoquent, autour des âmes bien ancrées dans leur havre, les brises du monde. La vraie vie intérieure n’est pas une pensée pieuse ou révolutionnaire qui nous vient dans un monde bien assis, mais l’obligation d’abriter toute l’humanité de l’homme dans la cabane ouverte à tous les vents, de la conscience. Et certes, il est fou de rechercher la tempête pour elle-même, comme si “dans la tempête résidait le repos” (Lermontov). Mais que l’humanité installée puisse à tout moment s’exposer à la situation où sa morale tienne tout entière dans un “for intérieur”, où sa dignité reste à la merci des murmures d’une voix subjective et ne se reflète ni ne se confirme plus dans aucun ordre objectif – voilà le risque dont dépend l’honneur de l’homme. Mais c’est peut-être ce risque que signifie le fait même que dans l’humanité se constitue la condition juive. Le judaïsme, c’est l’humanité au bord de la morale sans institutions.
Nous ne disons pas que la condition juive soit aussi une assurance contre ce risque. Peuple comme tous les peuples désireux, lui aussi, de savoir les voix de sa conscience enregistrées dans une civilisation impérissable ; peuple plus vieux, plus sceptique, plus chercheur que les autres, se demandant, avant les autres, si ces voix ne sont pas déjà l’écho d’un ordre historique qui les dépasse. Peuple épris de bonheur, comme tous les autres peuples et amoureux de la douceur de vivre. Mais par une étrange élection, peuple aussi conditionné et ainsi situé parmi les nations – est-ce métaphysique ou est-ce sociologie ? – qu’il s’expose à se retrouver, du jour au lendemain et sans préavis, dans la désolation de son exil, de son désert, de son ghetto ou de son camp, toutes les splendeurs de la vie balayées comme des oripeaux, le Temple en flammes, les prophètes sans vision, réduit à la moralité intérieure – par l’univers démentie. Peuple exposé – même en pleine paix – au propos antisémite, car peuple capable de percevoir dans ce propos un sifflement inaudible à l’oreille commune. Et déjà un vent glacial parcourt les pièces encore décentes ou luxueuses, arrache les tapisseries et les tableaux, éteint les lumières, fissure les murs, met en loques les vêtements et apporte les hurlements et les hululements d’impitoyables foules. Verbe antisémite à nul autre pareil, est-il injure comme les autres injures ?
Verbe exterminateur par lequel le Bien se glorifiant d’Être retourne à l’irréalité et se recroqueville au fond d’une subjectivité, idée transie et tremblante. Verbe révélant à l’Humanité tout entière par l’entremise d’un peuple, élu pour l’entendre, une désolation nihiliste qu’aucun autre discours ne saurait suggérer. Cette élection est certes un malheur.
Mais cette condition où la morale humaine retourne après tant de siècles comme à sa matrice atteste – d’un testament très ancien – son origine d’en deçà les civilisations. Civilisations que cette morale rend possibles, appelle, suscite, salue et bénit, mais qui, elle, ne s’éprouve et ne se justifie que si elle peut tenir dans la fragilité de la conscience, dans les “quatre coudées de la Halacha”, dans cette demeure précaire et divine.”
Chouchani is One of the Ten Most Mysterious Men Ever
New book in Italian with Monsieur Chouchani’s spirit
New book in Italian by Haim Baharier with Monsieur Chouchani’s spirit:
Theater play in Italian about M. Chouchani (Shoshani)
In Italian, again! Miriam Camerini talks about her theater play Monsieur Chouchani (or Shoshani)
http://www.lechlecha.me/mounsieur-chouchani/
Au delà de la légende – Beyond the Legend
“Ses disciples d’un an ou d’une nuit me disaient : “Le Juif errant dans votre livre, c’est bien Rav Shushani, n’est-ce pas?”
Je pensais avoir exagéré à dessein ; pourtant j’ai à peine décrit la vérité. Oui, il avait visité des pays exotiques et contrées lointaines ; oui, il semblait intemporel sinon immortel ; oui, il se comportait comme un des Lamed-vavnik qui entrent en exil et choisissent l’anonymat avant d’offrir le salut à leur semblables ; oui, il avait des pouvoirs ; oui, il fascinait, il exaltait, il troublait, il humiliait, il accomplissait en vous, pour vous, des changements dépassant l’entendement.”
Elie Wiesel dans “Paroles d’étranger”
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“Translation” by Elie Wiesel himself:
“His disciples of one year, or one night, took pains to tell me they were not fooled: “The Wandering Jew, in your book, is Rav Shushani, isn’t it?”
I myself thought I had exaggerated; yet I had told the truth. Yes, he did visit faraway countries; yes he did receive unusually high fees for his lectures, fees he then gave to charity; yes he did behave like one of the hidden Just Men who enter exile and anonymity before offering salvation to their fellow men; yes, he was greater than the legend surrounding his person.”
His method of teaching a young boy who later became Professor
Prof Jacques Goldberg says about his Master Shoshani:
“[That's] how he started teaching me Torah when I was ten, not without quoting that the same method was used over the years, for Bible, Mishna, Talmud … and maths. Because he found me serious and motivated, he just very quickly gave up the requirement of writing, verbal was sufficient.
I would first read the next verse, never more, in Hebrew.
I would then copy the verse, in Hebrew, in my notebook, over two blank pages per verse, and draw columns lines word after word.
In each column I would write down all possible meanings of each individual word without consideration to the neighbor columns.
I would then start a loop in a loop in a loop etc… to build statements meaning by meaning. Most could quickly be discarded as making no sense.
Among those still making sense, I had to select the best, and convince Monsieur Shoshani why I was convinced that this was the best understanding.
And then I only had to convince him that the contrary could as well be correct… before starting the next verse.”
Emmanuel Levinas écrit sur son ami le Docteur Henri Nerson
Emmanuel Levinas écrit dans un article sur son ami le Docteur Henri Nerson :
“Que les plus hautes valeurs de l’Occident doivent être reconnue comme appartenant de droit à la Thora, ce fut là une sagesse que Nerson tenait de son maître, de “M. Chouchani”. On ne saurait en effet parler de Nerson sans mentionner ce qui fut l’événement dominant et la grande joie de sa vie : sa rencontre et sa longue fréquentation d’un homme qui fut l’un des derniers géants du Talmud, probablement le plus grand depuis très longtemps, mais qui savait aussi enseigner, notamment, la physique nucléaire et trouver ses délices dans la lecture des traités des mathématiques classiques et modernes. Génie étrange et errant ! Dans l’enseignement talmudique que le docteur Nerson, à son tour, donnait autrefois à ses amis parisiens et dont bénéficiaient, jusque pendant sa maladie, ses amis en Israël, la pensée de “M. Chouchani”, dans sa nouveauté audacieuse, était toujours présente. Aux yeux de Nerson – et ce fut une confidence – tout l’invraisemblable de la mort se ramassait dans ce qui cependant était inévitable : la possibilité que le cerveau tel que celui de “M. Chouchani” puisse s’arrêter de penser”.
Extrait d’un texte paru dans Le Journal des Communautés en mai 1980
Testimony: M. Shoshani was in Algeria at Oran around 1929
Témoignage de Shlomo Cohen: M. Chouchani était en Algérie à Oran vers 1929.
Testimony of Shlomo Cohen: M. Shoshani was in Algeria at Oran around 1929
עדות של שלמה כהן: מר שושני היה באלג’ריה בעיר אורן בסביבות 1929
http://concours-art-cantorial.over-blog.org/pages/hazan-a-l-honneur-5841800.html
http://fp.reverso.net/concours-art-cantorial-over-blog/4240/en/pages/hazan-a-l-honneur-5841800.html
Le Hazan Salomon Cohen et ses périples… et si!
Charles Salomon Cohen est né à Oran en 1899.
Très jeune, il entre comme élève à l’Alliance Israélite d’Oran. Sa voix au timbre chaud et puissant fait déjà l’admiration de son entourage. Il n’a pas 18 ans qu’il est nommé professeur d’hébreu ainsi qu’officiant à la grande synagogue d’Oran. Parallèlement, il est apprenti dans un atelier d’ébénisterie où il obtiendra le diplôme de tourneur sur bois.
Il épouse Anna Denise Cohen, qui le suivit dans toutes ses pérégrinations et avec laquelle il eut 8 enfants.
En 1929 il est nommé Hazan a Sidi bel Abbés, poste qu’il assume en même temps qu’il est Directeur de l’Alliance. C’est en Algérie qu’il fera la connaissance du célèbre érudit Monsieur Chouchani. En 1939 il concourt à Paris afin d’obtenir le poste de Hazan de la synagogue de la rue Buffault.
Il est auditionné par l’éminent Léon Algazy, Maître de musique à la Grande synagogue de Paris, qui est enthousiasmé par ses connaissances musicales et l’amplitude de sa voix.
Il obtient le poste de la rue Buffault.
La guerre éclate et la famille Cohen qui se compose déjà de 6 enfants (il en naîtra encore deux pendant la guerre), se réfugie à Aurillac.
Pendant la guerre, Monsieur Cohen organisera dans son logement des offices de Chabbat et des grandes fêtes ; pour cela, il ira à Clermont-Ferrand pour y chercher un Sefer Thora.
Il reprendra ses fonctions à Paris après la guerre. C’est là qu’il retrouvera M. Chouchani, lequel, séduit par la connaissance approfondie des textes bibliques de M. Cohen ainsi que par sa riche personnalité, désirera passer des nuits d’étude a son domicile, rue Lamartine, ce qui fut un honneur pour lui.
De part son impérieux besoin de voyager et d’aller toujours à la rencontre d’autrui, il traversa différentes villes en changeant même de pays.
D’autre part, la qualité de sa voix et ses connaissances approfondies de la Thora (notamment, celle de la lecture de la Thora), sans omettre son aptitude à passer avec le même bonheur du rite sépharade au rite ashkénaze, le conduiront à se présenter avec un égal succès à Nice (où l’un de ses nombreux élèves fut M. Adolphe Attia), à Thann (Alsace), à Périgueux (Dordogne) puis à Lisbonne où, avec le titre de “Reverend”, il officiera pendant 8 ans.
Il reviendra à Périgueux où il terminera sa carrière, décoré de l’Ordre National du Mérite par M. le Ministre Yves Guen.